À PROPOS
PROJET POLITIQUELe balado Les Impostures est né suite de conversations entre amies, d’apprentissages académiques et de partages de savoirs expérientiels. À la source du projet se trouve une réflexion féministe sur la parole: en tant que pouvoir symbolique par lequel s’exerce la domination blanche et masculine, la parole est un territoire traversée par la violence genrée et raciale. Toutes les voix n’ont pas accès aux mêmes espaces, à la même écoute, à la même audibilité. Dans la vie quotidienne, dans les institutions et dans les médias: qui parle et qui écoute? Qui déclame et qui chuchote? Qui lève la main en premier et qui se mord la langue? Autrement dit, quelles voix sont présentes dans les archives et la mémoire collective, et lesquelles en sont absentes ou exclues? L’épisode 35 «Parole, pouvoir et partage» – hors saison – réalisé dans le cadre d’un événement du Festival International du Film sur l’Art 2024 décortique ces questions qui sont les piliers des Impostures. Le «syndrome d’imposteur», réapproprié ici, devient un outil pour mettre en lumière comment les barrières systémiques s’intériorisent, limitant la confiance en ses capacités et le sentiment de légitimité.
CRITIQUE MÉDIATIQUEDepuis son tout premier enregistrement, en décembre 2020, Les Impostures cherche à créer un espace sécuritaire où des artistes peuvent s’exprimer sur leur travail artistique hors de dynamiques oppressives («mansplanning», «manterrupting» – on se souvient du passage de Nelly Arcan à Tout le monde en parle en 2007). Le projet se veut une alternative à un paysage médiatique québécois caractérisé par l’entre-soi, des entrevues brèves et de surface, et une attention centrée sur l’actualité immédiate et sensationnaliste. C’est donc dans le but de laisser la parole se déployer dans la durée et de valoriser le temps investi dans un projet que chaque épisode des Impostures décortique en profondeur le processus créatif derrière une œuvre spécifique. Le micro est tendu aux artistes de tous horizons disciplinaires, en priorisant les voix marginalisées et émergentes.
CONTEXTE DE PRODUCTIONTout en demeurant entièrement produit de manière indépendante, chaque saison du podcast a été enregistrée et financée dans des contextes différents: café communautaire, radio communautaire, radio associative à Marseille, studios professionnelles et étudiants. Alors que les trois premières saisons s’inspirent d’un modèle de production radiophonique (entrevues et apartés musicales), à partir de la saison 4, Les Impostures adopte une approche documentaire. Celle-ci implique un travail de montage narratif plus poussé, l’intégration de nouvelles composantes, notamment de la musique originale inspirée par les œuvres des invitées. Chaque épisode devient un portrait sonore d’une l'artiste et de son œuvre, le fruit d’une collaboration entre compositrices, artistes, recherches, archives, et entrevues.
POSITIONNEMENT Les Impostures s’ancre dans un écosystème d’écoute et de solidarité. Considérant que l’art est le reflet des conditions politiques, économiques et idéologiques de notre époque, nous affirmons l’importance d’utiliser notre plateforme pour diffuser des idées et des créations qui dénoncent et déconstruisent les oppressions: patriarcat, racisme, colonialisme, capacitisme, et autres. Nous exprimons notre soutien à la lutte du peuple palestinien et dénonçons l’implication de nos gouvernements, ainsi que la complicité des médias québécois et canadiens dans le régime d’apartheid et le génocide en cours. Le colonialisme dont sont victimes les Palestinien·nes résonne avec la situation des peuples autochtones de l’île de la Tortue, toujours menacés aujourd’hui par des projets de lois destructeurs pour leurs territoires. En tant que projet artistique, politique et médiatique, Les Impostures reconnaît l’imbrication des systèmes de domination et souhaite s’inscrire, à son échelle, dans un mouvement plus large de résistance et de libération: puisque que l’écoute est avant tout politique.